peintre de génie, original, politiquement engagé, très critiqué, chef de file des réalistes, naquit en 1819 à Ornans où il eut un atelier, et passa une grande partie de sa vie. Son père Régis, le plus riche propriétaire de Flagey, était électeur censitaire sous Louis - Philippe. Sa mère, née Oudot, eut des personnages distingués dans sa famille : un grand - père général, un cousin professeur de droit à Paris. Gustave resta dans la région jusqu’à l’âge de 21 ans. Au petit séminaire d’Ornans, il eut pour condisciple Max Buchon fondateur du journal socialiste Le Démocrate salinois. Destiné à la carrière de notaire, Gustave étudia au collège de Besançon puis suivit l’enseignement de l’Académie de dessin de la ville et fut élève de Flajoulot. Etudiant en droit à Paris en 1839, Gustave préféra se vouer à la peinture et fréquenter l’atelier de Steuben, revenu de Saint - Pétersbourg ; il fut ensuite le disciple de Gérard, puis de Hesse, ancien élève de Gros. Courbet s’en fut, dès lors, admirer et copier les grands coloristes espagnols, flamands et français, au Louvre, ainsi qu’au Luxembourg. Inspiré du romantisme, il composa : la Nuit de Walpurgis d’après le Faust de Goethe, puis Odalisque, emprunté à Hugo, et Lélia à George Sand. Après Allégorie moins réussie, Courbet abandonna par esprit d’indépendance, les sujets académiques et à thème. Ses envois au Salon de 1841 - 1842 et 1843 furent refusés ; la critique jugea Loth et ses filles (1844) figé et déclamatoire. Le Hamac fut récusé au salon de 1844 ; on trouva, semble - t - il, trop d’érotisme et de rêve en cette jeune fille assoupie ! Son Autoportrait au chien noir sera accepté en 1844 et dès lors, l’artiste s’affirma en tant que peintre réaliste. Il produisit de 1844 à 1847 : les Amants dans la Campagne (1844), évocation d’amours de jeunesse, l’Homme blessé, l’Homme à la ceinture de cuir (1845 - 1846), des autoportraits. Le portrait de Juliette Courbet, sa sœur, (1844) fut considéré trop semblable à une photographie, et Le Violoncelliste (1847) trop obscur, voire triste. Objet de critiques et d’exclusions, Courbet perça, soutenu par les réalistes et néo-romantiques que l’académisme agaçait. Il s’éloignait volontiers du milieu parisien pour trouver l’inspiration dans sa chère Franche - Comté. Ses œuvres de Belgique et de Hollande (1846 -1847) hâtèrent sa rupture avec Ingres, Delacroix et le romantisme ! Des onze toiles envoyées au Salon de 1849, sept furent acceptées, en particulier l’Après-dînée à Ornans, qui gagna une médaille d’or. Baudelaire dont Courbet fit le portrait (1847), et avec qui il se lia d’amitié, lui rédigea une lettre de présentation au Salon. Le poète l’ayant jugé trop peu imaginatif s’éloigna de lui, par la suite ! Gustave, crut présenter un sujet plaisant en prenant ses sœurs pour modèles. Le tableau, Les demoiselles de village (1851), n’obtint d’abord que des réprobations. Les modèles déplurent, les vaches semblèrent trop petites, le geste de l’aumône faite à la pauvresse n’émut pas ! Le duc de Morny acheta pourtant la toile. Les Casseurs de pierres, L’Enterrement à Ornans, (1849 - 1850), les Paysans de Flagey revenant de la Foire (1850) où le père du peintre est très digne, affermirent son renom. Il y eut encore des polémiques pour la vigueur de conception et de l’exécution, jugée brutale. Champfleury critiqua la laideur et la vulgarité de certains personnages, notamment de ceux de l’Enterrement ; d’autres objectèrent que l’artiste collait trop au réel ! Les Lutteurs (1852), les Baigneuses (1853) firent scandale, bien qu’elles fussent moins agressives que celles de Rubens ou de Jordaens. Gustave répondit aux polémiques en affirmant son style, en particulier dans La Fileuse (1853) ; Le départ des pompiers courant à un incendie (1850-51), une scène de rue très sombre ! Courbet, paysan indépendant, matérialiste et athée, voulut en finir avec le romantisme. Il estima pouvoir tout transposer en peinture et peignit à la truelle, au couteau, à la brosse, au chiffon, parfois avec le pouce. Dans les paysans de Flagey, il aurait ajouté du sable aux teintes terreuses et, on dit qu’il maçonnait. Avec le blanc, il aimait le noir et les contrastes. Ses scènes, étaient réussies, mais sans y mettre de gaieté. Il tint une année un atelier, visité par Lansyer et Fantin - Latour, rue Notre - Dame - des - Champs (1861). Son réalisme trouva sa pleine expression dans les nus, la Femme nue au chien (1861 - 1862), et en particulier l’Origine du Monde (1866), tableau acheté par Khalil - Bey, un diplomate turc qui acquit aussi la Baigneuse russe. Le baron Havatny trouva l’Origine du monde chez Bernheim jeune, vers 1910, et garda le tableau à Budapest, jusqu’à la guerre mondiale. Sylvia Bataille et le psychanalyste Lacan l’achetèrent ensuite et le protégèrent par un panneau d’André Masson, et sous clef. La toile, gardée au Brooklyn Muséum de New York en 1988, est aujourd’hui au Musée d’Orsay, sans autre protection qu’un verre épais. Au talent de peintre réaliste, Courbet ajouta son amour du paysage, qui souvent le ramena dans sa région puis le fera peindre les Alpes et le Léman. Son Combat de cerfs (1861), Remise des Chevreuils (1866), et L’Hallali (1869) figurent parmi ses plus belles œuvres. Outre les toiles évoquées, citons : La sieste pendant la saison des foins, Montagnes du Doubs (1869), Bords de la Mer à Palavas, Forêt en Hiver, Vallée du Puits noir (1865), Mer orageuse, La Falaise d’Etretat (1870), le Château de Chillon (1874). Courbet affirma sa maîtrise du portrait dans plusieurs toiles : Champfleury, Portrait d’Homme, Proudhon, Proudhon et sa famille, Portrait de Bruyas (deux études), Portrait de M***, La duchesse Colonna, Berlioz, Jules Vallès. Il fit son autoportrait dans différentes situations. L’artiste aurait, dit - on, aimé faire le portrait de Hugo. Ils s’écrivirent, mais le projet n’aboutit pas et ils ne se virent qu’à l’enterrement de Charles, le fils de l’écrivain, en mars 1871. Le peintre ne fut pas unanimement apprécié ; Hadol et Gillot, par exemple, le caricaturèrent. Son caractère bizarre et ses opinions socialistes, proches de celles de Proudhon et hostiles à l’Empire, lui valurent alors des inimitiés. Il obtint pourtant une deuxième médaille au Salon de 1849 et des rappels de médaille en 1857 et 1861. Le ministre des Beaux - arts l’ayant proposé pour la Légion d’Honneur en 1870, l’artiste refusa, alors qu’après l’exposition de Munich l’année précédente, il accepta la croix de Saint - Michel décernée par le roi de Bavière. (retrouver la suite dans le livre)