écrivain et polémiste, naquit en 1809 à Besançon, au quartier de la Mouillère. Son père était garçon brasseur et sa mère servante à la campagne. Il fut un des rares théoriciens sociaux d’origine réellement prolétaire. Il passa son enfance aux champs où, de bouvier il devint garçon de cave. Ensuite, boursier au collège de Besançon, Joseph entra à 18 ans, comme typographe dans une imprimerie où il compléta son savoir en lisant des textes à imprimer. Avec son Essai de grammaire générale précédé de notes hébraïques (1838), qui obtint le prix Suard de l’Académie de Besançon, Joseph s’efforça de démontrer l’unité d’origine des espèces humaines, d’après l’étude de la formation des langages. Bachelier en 1838, il publia une Défense de la célébration du dimanche dans l’Encyclopédie catholique et obtint une pension de l’Académie de Besançon. A la fin d’un séjour à Paris, il s’établit imprimeur à Besançon. Fasciné par l’économie politique et les écrits de Rossi, Proudhon publia, en 1840, un mémoire en hommage à l’Académie intitulé : «Qu’est-ce que la propriété» ? Emue, l’assemblée fit enlever la dédicace dans les éditions suivantes et voulut supprimer le prix Suard à l’auteur. Pourtant, après vote des membres, l’Académie renonça à la sanction. Mais la réponse «C’est le vol», avait beaucoup troublé, et préfigurait les futures publications de Proudhon. Convaincu que seul le travail justifiait a propriété, il publia Lettre à Blanqui et Avertissement aux propriétaires. Traduit en Cour d’Assises pour ces écrits, Proudhon sera acquitté en 1842. La gestion d’une entreprise de transports fluviaux, lui permit d’écrire : De la Création de l’ordre dans l’humanité (1843) et Système des contradictions économiques (1846) où il attaquait les réformateurs utopistes, les économistes anglais et prônait un socialisme scientifique. Sa Philosophie de la misère, parue en 1846, fut un des éléments de discussion avec Karl Marx. Une fois rédacteur au Représentant du peuple, Proudhon fut écroué pour délit de presse et son journal interdit. Elu à l’Assemblée nationale pour le département de la Seine en 1848, et fort de l’influence d’un chef de groupe, il se prononça contre la suppression de la peine de mort, fit des objections au droit au travail et critiqua même la Constitution. Sa proposition d’impôt sur le revenu ne passa pas. Marqué par Rousseau et Hegel, sans appartenir à aucun parti, le sociologue utilisa la presse et des brochures pour polémiquer. Ses titres étaient suggestifs : le Droit au travail, les Malthusiens, Démonstration du Socialisme, Idées révolutionnaires (1849). Il dirigea des journaux : le Peuple, la Voix du Peuple, le Peuple de 1851, mais eut souvent maille à partir avec la justice. Devenu le théoricien d’un nouveau socialisme, d’une société dans laquelle l’association est à la base de l’économie, Proudhon plaisait au peuple alors que les industriels le redoutaient. Sa Banque du peuple, créée en 1849, pratiquait l’abolition de l’intérêt, la circulation gratuite des valeurs et proposait la suppression du capital ! Elle ne dura pas. Condamné à 3 ans de prison pour injures au chef de l’Etat et délit de presse, Proudhon en profita pour écrire : Confessions d’un révolutionnaire, Actes de la Révolution, Intérêt et principal, Gratuité du crédit ! Estignard raconta comment l’écrivain se maria durant sa détention avec une ouvrière parisienne, au parloir de la prison de Sainte-Pélagie. Libéré en 1852, il édita: Manuel du spéculateur à la Bourse (1856), et Justice dans la Révolution et dans l’Eglise, qui lui valut une autre incarcération. (lisez la suite dans le livre)